Par Henri FRAISSE – Livre blanc de la qualité – Tome 5

Depuis cinq ans, nous avons parcouru pour le Think Tank Made In Qualité différentes facettes des transitions en cours, et plus particulièrement celles portées par le numérique, la « métamorphose » des modes de travail et la forme de poly activité qui en découle. Les évolutions sont fortes et significatives avec des conséquences directes. Lors du dernier séminaire avant COVID, nous avions, toujours pour chercher à éclairer, en anticipation, les challenges de demain, porté nos réflexions sur la ville au carrefour des défis à l’aune des grilles des Objectifs de Développement Durable et d’indicateurs de bien-être. La COVID-19 a confirmé que nous vivions dans un monde VICA (Volatil, Incertain, Complexe et Ambigu), que certaines filières agriculture/alimentation étaient à réorganiser en lien avec les enjeux santé et biodiversité. Elle a souligné l’importance des structures locales, d’une gouvernance partagée associée à une fluidité et traçabilité des informations, le rôle du secteur privé de toute taille et des associations. Montrant aussi que l’ensemble fonctionnait dans un équilibre «méta-stable» facilement déstabilisable, et soulignant enfin la nécessité de savoir naviguer entre toutes les échelles. La montée des incompréhensions et la réduction des capacités de dialogue (débat = combat) nous conduit tous, acteurs responsables, à une vigilance relationnelle forte. Après avoir rappelé quelques réflexions et recommandations partagées dans les quatre premiers Livres blancs du périmètre « Big data, Stratégie, Gouvernance », il nous a semblé important d’y intégrer les interrogations et constats actuels. L’impératif de collectif devient alors évident, mais comment le mettre en œuvre dans l’instabilité actuelle. C’est sans doute un collectif à dimension variable avec les règles et des pouvoirs à adapter. Les réponses possibles se trouvent selon nous en partie dans ce que couvre ce mot souvent flou de gouvernance. En partant de la gouvernance d’entreprises, mais pas que, nous verrons qu’elle active aussi bien des règles (le cerveau) que des éléments émotionnels (les tripes !) et de partage de vision du futur (le cœur !) selon des logiques que l’on peut analyser. Y passer un peu de temps peut être bénéfique non seulement pour l’entreprise mais pour son écosystème et globalement la Société, en cohérence complète avec les approches de Qualité élargie/globale (dont la Qualité relationnelle) au service d’un futur partagé. On ne peut oublier que ces deux dernières années, marquées par la pandémie COVID, ont vu se dégrader la confiance dans et entre de nombreux acteurs et se consolider une montée en puissance de la défiance, dont en particulier celle contre les institutions. C’est ce tissu complexe avec ses dimensions techniques, politiques, sociales et organisationnelles qu’il est fondamental de préserver tout en restant innovant, conditions indispensables pour réussir la transition souhaitée (changement de paradigme).